C’est très vexant, moi, un parangon du RGPD, je me fais épingler par Google, plusieurs fois sanctionnés par la CNIL pour un montant global de 250 millions d’euros !
Je rédige cet article pour vous, car vous serez touché tôt ou tard.
Bien qu’en pro, j’utilise Vimeo, il m’arrive souvent, par commodité (et par flemme de montage), d’utiliser YouTube pour partager une capture vidéo rapide, afin d’aider un client sur un logiciel, la gestion de son site ou pour formuler une réponse démonstrative à une question.
L’exemple concret de la vidéo supprimée par YouTube est « Comment changer le statut d’un client dans Woocommerce ? ». La vidéo de quatre minutes, publiée en octobre 2023, montre au client comment ouvrir la commande qu’il a reçue, accéder à la fiche de l’acheteur et basculer son niveau d’utilisateur. Un tuto, tout ce qu’il y a de plus banal, que nous faisons régulièrement, en tant que prestataire informatique.
Je publie toujours ce type de vidéos rapides en mode « Non répertoriée » (Accessible par un lien, elle n’apparaîtra pas sur la page de la chaîne. Elle ne figure pas non plus dans les résultats de recherche YouTube.)
Bon, ok, mais alors, quel rapport avec “le harcèlement et le cyberharcèlement” ou le RGPD ?
J’y viens, j’y viens. 😁
YouTube a eu raison de m’alerter, mais il pouvait simplement restreindre la vidéo en mode privé pour moi uniquement. Mais nous parlons de Google, qui n’est pas réputé pour sa souplesse de modération, n’est-ce pas Gemini ?😭
Rien à voir avec le harcèlement, mais on trouve l’explication tout en bas du texte de la règle, dans un exemple : « Publier des informations non publiques permettant d’identifier personnellement un individu (numéro de téléphone, adresse du domicile ou adresse e-mail, par exemple) dans le but d’attirer une attention ou un trafic abusifs à son égard. Par exemple, si vous dites : “J’ai son numéro de téléphone. Appelez et laissez des messages jusqu’à ce qu’il décroche !” ».
Ça y est, vous y êtes ? Et oui, j’ai eu la flemme (et pas le temps) de monter la vidéo, pour masquer les informations montrant l’identité et les coordonnées de l’acheteur. Je le fais toujours pour des formations, des tutoriels publiques, des webinaires, mais pas pour des échanges privés dont le client est responsable du traitement des données montrées à l’écran.
Sanction RGPD contre Google, le revers de la médaille
Vous voulez jouer, dit Google à la CNIL ? Eh bien, on va jouer ! On appliquera le règlement (UE) 2016/679 à la lettre.
Et pour ma pomme, cela veut dire : on supprime !
Je n’ai plus accès à la vidéo, je ne peux plus la télécharger pour la modifier (je ne conserve pas le master de ce type de vidéos très longtemps).
Mais alors, que faire ?
Vous pouvez migrer vos vidéos sur une plateforme moins zélée (Vimeo, Dailymotion, Playeur.com, PeerTube), mais sans modification de votre part, elles seront toujours non conformes au RGPD et susceptible de faire l’objet d’une sanction en cas de contrôle de la CNIL.
- Vérifiez toutes vos vidéos importantes qui pourraient se trouver dans un cas similaire,
- Télécharger ces vidéos importantes si vous n’avez plus l’original,
- Conformez-les au RGPD avant de les publier à nouveau.
- Supprimez les autres vidéos concernées et qui ne sont plus d’actualité.
Et l’IA dans tout cela ?
Lorsque l’IA sera utilisable dans un environnement de production, il sera facile de faire intervenir un assistant IA pour repérer et masquer les informations audio ou vidéo non conforme.
À ce jour, l’IA n’est pas suffisamment fiable ni économique ni autonome pour envisager de l’utiliser sur nos vidéos.
En conclusion
Ne pas se reposer uniquement sur un écosystème numérique, tel que Microsoft, Google, Apple, Meta, car leurs règles et leurs services changent aussi vite que l’IA évolue.
Je rêvais d’une IA moins bornée que les modérateurs humains de Google, des IA plus “intelligentes” que l’homme, ayant un plus grand discernement. Mais j’avais oublié que l’IA est modelée par l’homme !
En attendant l’arrivée d’une IA utopique, celle de Google nous montre que, plus que jamais, le RGPD et les DPO ne sont pas de simples formalités, mais sont des piliers incontournables pour le développement de chaque entreprise, qu’elle soit individuelle, TPE ou PME.
À vos commentaires !